Marguerite Duras me désire
J’ai rêvé que j’étais en France, dans une salle avec plusieurs personnes que je connaissais. C’était, je pense, la gang du Prix du Jeune Écrivain. Quelqu’un m’a dit : « Marguerite Duras est dans la pièce à côté. » Je pensais qu’elle était morte. On m’a répondu sèchement : « Ben non, voyons. Elle n’est pas morte. » Puis Marguerite Duras est apparue par une porte. Elle a traversé la salle en souriant à celles et ceux qui la reconnaissaient. Quand elle m’a regardé, j’avais les yeux pleins d’eau. C’était à moitié sincère et à moitié pour qu’elle me remarque. J’avais les cheveux bleachés et j’avais appliqué beaucoup d’autobronzant la veille. Elle m’a dit : « Je ne vous ai pas remarqué du premier coup parce que vous n’avez pas l’air d’un artiste. » J’ai répondu : « C’est ben correct » ou « Ça fait mon affaire. » Puis, elle s’est transformée en acteur américain, un homme musclé avec une barbe et des cheveux sombres. Il est venu s’asseoir à côté de moi, et je n’en revenais pas que Marguerite Duras me choisisse moi. Son corps d’acteur américain m’attirait. Nous étions assis, avec tous les autres français, dans une salle de spectacle. Un drap recouvrait nos jambes. L’acteur a commencé à me flatter la cuisse, puis nous avons défait nos ceintures et ouverts nos pantalons.
Un de mes amis, A, connaissait l’acteur. Il était même proche de lui et il avait un œil sur lui (comme tout le monde). La prochaine scène du rêve se déroulait sans moi, mais j’en étais témoin : mon ami A prenait son courage à deux mains pour aller voir l’acteur et lui avouer ses sentiments. L’acteur accueillait cette déclaration d’amour avec calme, mais il devait être honnête : il n’avait d’yeux que pour Antoine.
Lors de la scène suivante, nous étions trois bons amis à la cafétéria. B demandait à A comment s’était passée sa discussion avec l’acteur. A a dit : « Malheureusement, je suis son troisième choix.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— En premier, il veut Antoine. Si ça ne marche pas, il te veut toi. Et en dernier recours, il me voudra moi. »
J’ai mis une main sur ma poitrine. « Moi en premier ? Mais je ne peux pas croire… »