Une autre version de moi devant le Plan B
Cette nuit, mon sommeil me gardait agité. Je m’inquiétais d’avoir causé du tort à quelqu’un.
J’ai fait un rêve et, en revenant à la réalité, je voulais l’écrire pour ne pas l’oublier. Je me suis rendormi et j’ai commencé à l’écrire dans un second rêve. Je me souviens des deux premières phrases.
Je sors à la station Mont-Royal. Je marche jusqu’au Plan B, sur l’Avenue du Mont-Royal. (J’éliminerais cette répétition de « Mont-Royal », mais dans mon rêve, c’était écrit comme ça.) C’est un bar que j’aime et que j’ai beaucoup fréquenté, surtout à l’époque du Conservatoire. Devant la porte, quelqu’un m’attend. C’est une autre version de moi-même : celle avec les cheveux décolorés et mon t-shirt Guess, pas de moustache. Cette version d’Antoine est plus jeune que celle de l’époque où j’avais vraiment les cheveux blonds. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que cette version vit en 2018. Elle a donc environ 24 ans. Je me dis : ce rêve est important parce qu’il prouve que je peux voyager dans le temps. Le visage du jeune Antoine est lisse, les ombres ne le découpent pas. Son corps est mince et pâle. Cet Antoine a l’air libre, de bonne humeur.
Je pose mes lèvres sur les siennes.
Nous nous aimons et nous nous embrassons langoureusement. Il m’attire sexuellement. Je serre son corps contre le mien et j’ai envie de lui chuchoter plusieurs choses que je ne lui chuchote pas : fais attention, le futur est truffé de pièges, ne fais pas de mal aux gens que tu aimes, et dis-leur, à eux, ce qui te fait de la peine.